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• 842; lat. quiI ♦ Pronom relatif des deux nombres, masculin ou féminin, désignant une personne ou une chose. A ♦ (Sujet)1 ♦ (Avec antécédent exprimé) « L'homme qui rit », roman de Victor Hugo. « Les gens que nous aimons et qui nous intéressent » (Larbaud). Celui, ce qui... Le voilà qui... Moi qui suis, toi qui es, nous qui sommes... « Ce n'est ni toi ni moi qui l'empêcherons » (Becque).♢ Littér. (séparé de son antécédent) « Elle est à la cuisine qui fond des balles » (Mérimée). Il « pensa que tout était bon à ramasser qui peut servir » (Maupassant).2 ♦ (Sans antécédent exprimé) Celui, celle qui, quiconque. PROV. Qui vivra verra. « pénétré de cette vérité que qui va lentement va sûrement; et enfin que qui trop embrasse mal étreint » (Balzac). « Il méprise qui le craint, il insulte qui l'aime » (Sand). « Nous sommes attirés par qui nous flatte » (Radiguet). — Littér. (introduisant une propos. hypothétique au condit.) « Qui prévoirait tous les risques, le jeu perdrait tout intérêt » (A. Gide). « À qui se sert de ses yeux, tout devient simple » (Colette). « Il était en redingote; comme qui reviendrait de baptême ou d'enterrement » (A. Gide). Loc. fam. COMME QUI DIRAIT : en quelque sorte, pour ainsi dire. « Invité comme qui dirait à titre amical » (Romains). — « C'était à qui des deux serait le plus tendre » (R. Rolland). À qui mieux mieux. — Littér. (répété avec une valeur de distributif) L'un..., l'autre; celui-ci..., celui-là... « Des manchots, et des borgnes, et des lépreux, qui sortant des maisons, qui des petites rues » (Hugo).♢ (Neutre) Ce qui. Qui mieux est. Qui pis est. Qui plus est : en outre. « Voilà qui doit être délicieux » (Duhamel).B ♦ (Compl.)1 ♦ (Compl. dir.) Celui, celle qui... « Embrassez qui vous voudrez » (chanson). « Quand l'on nuit sciemment à qui l'on aime » (Aragon). Qui vous savez : la personne (connue des interlocuteurs) qu'on ne veut pas nommer. « Cet argent vient de qui vous savez pour ce que vous savez » (Hugo).2 ♦ (Compl. ind. ou circonstanciel) ⇒ lequel.♢ (Antécédent exprimé) « Un capitaine à qui tous les armateurs voudraient confier des navires » (Loti). « Sa mère sur qui Tonsard n'a pas levé la main » (Balzac). Un ami sans qui je n'aurais rien pu faire. — Rare (antécédent de chose) « Sa figure sur qui tombe la pluie » (Barbusse).♢ (Sans antécédent) Littér. « On hait devant qui l'on ment » (Hugo).II ♦ Pronom interrogatif désignant une personne (et, rarement, une chose). A ♦ (Interrog. dir.)1 ♦ (Sujet, attribut) Qui te l'a dit ? Qui sait ? Qui va là ? « C'est moi. — Qui, toi ? — Maurice Levasseur, votre neveu » ( Zola). « Qui donc décide des armements ? Qui des effectifs ? » (Alain). — Qui est-ce ? quelle personne est-ce ? « Qui est-ce qui te dit le contraire ? » (Becque). REM. La langue fam. dit qu'est-ce qui (pour qui est-ce qui) : Qu'est-ce qui m'a foutu un maladroit comme toi ?♢ (Neutre) Littér. Qu'est-ce qui... ? « Qui nous vaut cette bonne visite ? » (A. Daudet).2 ♦ (Compl.) Qui demandez-vous ? De qui parlez-vous ? C'est pour qui ? Avec qui ? « Et à présent, pourquoi vivre ? pour qui ? » (Vigny). « À l'autre bout de l'Europe, qui se battait contre qui ? » (Romains). « Bonjour. — Bonjour qui ? — Bonjour papa » (Boylesve).B ♦ (Interrog. ind.) Dis-moi qui tu hantes, et je te dirai qui tu es. « Il ne savait à qui donner raison » (France). N'importe qui. C ♦ (En corrélation avec que, pour marquer une concession indéterminée) Qui que tu sois : que tu sois tel ou tel. Qui que ce soit : n'importe qui. ⊗ HOM. Khi.quiPron.rI./r Pron. relatif.d1./d (En fonction de sujet, désignant une personne ou une chose.)|| (Précédé de son antécédent.) L'homme qui travaille. Les enfants qui jouent. Tout ce qui me plaît. C'est moi qui ai parlé.|| (Séparé de son antécédent.) La pluie tombait, qui inondait les champs.|| (Sans antécédent exprimé.) Celui qui, celle qui, ceux qui, celles qui, ce qui. Qui m'aime me suive. Qui plus est: en outre.d2./d (En fonction de complément, précédé d'une préposition, lorsque l'antécédent est un nom de personne ou d'être personnifié.) L'homme à qui je parle, pour qui je plaide.|| (Sans antécédent exprimé.) "à qui venge son père, il n'est rien impossible" (Corneille).— Comme qui... (suivi de l'indic. ou du conditionnel). Comme qui dirait: pour ainsi dire.— à qui... (exprime la rivalité). C'est à qui tirera le plus fort.— Loc. à qui mieux mieux.rII./r Pron. relat. indéf.d1./d Qui que: quelque personne que. Qui que vous soyez. Je le soutiendrai contre qui que ce soit.d2./d (Répété, en apposition à un pluriel.) Ceux-ci..., ceux-là; les uns..., les autres. Ils cherchèrent, qui d'un côté, qui d'un autre.rIII/r Pron. interrog. Désigne généralement une personne, dans l'interrogation directe et indirecte, rarement une chose. Il peut être: Sujet. Qui est là?— Attribut. Qui êtes-vous?— Complément. Dites-moi qui vous voyez. Chez qui irez-vous?|| Il est, dans la langue parlée, souvent remplacé par les périphrases: Qui est-ce qui (sujet). Qui est-ce qui vient?— Qui est-ce que (objet direct et attribut). Qui est-ce que je vois?— à, pour, de, etc. qui est-ce que (compléments). à qui est-ce que je m'adresse?⇒QUI, pron. interr. ou rel.I. — [Sans antécédent — ou séparé de l'antécédent par une prép. — et porteur du genre animé apte à toutes les fonctions grammaticales]A. — Pron. interr.1. [Dans une interr. dir.]a) [Suj.] Qui m'appelle, s'écria une voix sèche et furieuse, qui m'appelle? (BARRÈS, Colline insp., 1913, p. 257).♦ Qui va là?, Qui-va-là? [Loc. interj. par laquelle on veut connaître l'identité d'une pers. inconnue qui survient] — Qui va là? dit le maître. — Quelqu'un qui voudrait souper et coucher. — C'est bon. Ici on soupe et on couche (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 83).b) [Attribut] Qui es-tu? demanda-t-il (BALZAC, Annette, t. 4, 1824, p. 149).c) [Régime dir.] Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis? ton père, ta mère, ta sœur ou ton frère? (BAUDEL., Poèmes prose, 1867, p. 11). Qui as-tu choisi? (GIRAUDOUX, Sodome, 1943, I, 4, p. 84).— [Dans ce cas, qui peut être postposé] Il guette... qui, maintenant? (GIONO, Colline, 1929, p. 108).d) [Régime prép.] Mais à qui devons-nous ces bienfaits! À qui messieurs? (CLAUDEL, Pain dur, 1918, I, 1, p. 412). Tu le sais. Tu bredouilles. Par qui? (GIRAUDOUX, Lucrèce, 1944, I, 1, p. 15).Rem. 1. Dans qui est-ce qui, le 1er qui a valeur interr., le second introd. une sub. rel. Le premier qui, sans antécédent, exprime le genre animé; le second, en empl. évocateur, marque uniquement la fonction suj. 2. La forme pop. qui que (qui que tu vois?) est à rapprocher de combien que, où que, etc. Le morph. interr. est isolé en tête de phrase par une sub. rel. introd. par un que tendant vers le rel. universel: Et les wagons à vaches, pour qui que c'est? (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 194). Les autres tournures du lang. pop. sont des var. de la loc. qui est-ce qui: Qui c'est qui va nous le payer? (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 494).2. [Dans une interr. indir.]a) [Suj.] Et finalement on ne sait pas qui départagera les parties (PROUST, Temps retr., 1922, p. 692).— [Avec effacement de la prop. interr.] « La princesse (...) quittant la demeure de ses pères », de je ne sais plus qui (GIDE, Journal, 1902, p. 128). « (...) Il connaît des gens très bien, mais il en connaît aussi de très mal ». Je demandai qui (PROUST, Sodome, 1922, p. 1095).b) [Attribut] J'ai oublié qui je suis. Je me rappelle qui tu es (GIRAUDOUX, Sodome, 1943, II, 8, p. 157).c) [Régime dir.] Gélis se lève et se rassied; je sais bien ce qui l'occupe et qui il attend (A. FRANCE, Bonnard, 1881, p. 313).Rem. En interr. indir., qui est remplacé qqf. dans la lang. parlée par celui qui: Alors, dites-nous celui qui a le plus de chance? (GUITRY, Veilleur, 1911, I, p. 4).d) [Régime prép.] Madame Mathias, la vieille bonne, ne savait à qui entendre (A. FRANCE, Pt Pierre, 1918, p. 6). Ma décision était prise d'emmener l'enfant (...) encore que je ne me fusse pas nettement demandé ce que je ferais d'elle par la suite, ni à qui je la confierais (GIDE, Symph. pastor., 1919, p. 879).B. — Pron. rel. ou pron. indéf. [Sans antécédent].1. Pron. rel.a) [Suj.] Si lugubre que fût l'appartement, c'était un paradis pour qui revenait du lycée (GIDE, Si le grain, 1924, p. 419).— [Dans des proverbes, des adages, avec valeur d'indéf.] Qui aime bien châtie bien (PROUST, Sodome, 1922, p. 1069). Qui vole un œuf, enlève un bœuf (BACHELARD, Poét. espace, 1957, p. 122).— Fam. Comme qui dirait. Comme si on disait. Une âme exquise comme qui dirait l'âme d'un bébé, qui la connaîtrait dans les coins (GYP, Leurs âmes, 1895, p. 134).— [Dans des tournures marquant la compétition, la rivalité] C'est à qui + verbe. Jouer à qui perd gagne. Soudain Panurge (...) jette son mouton (...) dans la mer. Tous les autres moutons (...) commencèrent à se jeter après lui par-dessus bord. C'était à qui sauterait le premier (A. FRANCE, Rabelais, 1909, p. 172).Rem. Dans jouer à qui, un dém. peut précéder le rel.: Nul d'entre eux n'est encore assez intelligent pour jouer à celui qui obéit (DUHAMEL, Plais. et jeux, 1922, p. 58).— [Qui peut qqf. désigner le fém.]:• 1. Pour livrer sa pensée au vent de la parole,S'il faut avoir perdu quelque peu la raison,Qui donne son secret est plus tendre que folle...DESB.-VALM., Élégies, 1859, p. 66.b) [Attribut] Il a fait allusion à ce qu'il a fallu que je cessasse d'être pour être qui je suis (BRETON, Nadja, 1928, p. 7).c) [Régime dir.] Je trouble qui je veux (VALÉRY, Variété III, 1936, p. 129).d) [Régime prép.] Elle était libre de coucher avec qui elle voulait (MALRAUX, Cond. hum., 1933, p. 215).— Prép. + qui de droit. Adresser une requête à qui de droit. L'adresser à la personne à qui elle doit l'être. Ce n'est pas un mauvais moyen de faire couler à l'oreille de qui de droit les choses que soi-même on ne peut dire (CLAUDEL, Père humil., 1920, I, 2, p. 495).Rem. L'effet de sens oscille entre l'indéfinition où qui signifie « n'importe qui » et l'indéterm. feinte, qui suggérant alors une pluralité indéterm. ou désignant une pers. déterminée seulement pour le locuteur.2. Pron. indéf.a) Qui que ce soitût, loc. pronom. indéf.) [Après prép.] Synon. de personne2. Je fais ce que je crois devoir faire, en toute conscience, et n'ai compte à rendre à qui que ce soit (MARTIN DU G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 724). Je n'ai jamais accepté de partager avec qui que ce fût la responsabilité d'un traitement (BERNANOS, Joie, 1929, p. 645).— [Introd. une sub. concess.] À qui que ce soit que nous parlions, nous devons être polis (LITTRÉ).) [Dans des cont. forclusifs (v. ne I B rem.), prop. interr., hyp.] Qui que ce soit a-t-il répondu? Si qui que ce soit répondait. Je n'y ai trouvé qui que ce soit (Ac. 1798-1935).b) Rare, littér. Qui que, loc. pronom. concess. Qui qu'elle fréquentât, désormais elle resterait pour tout le monde duchesse de Guermantes (PROUST, Fugit., 1922, p. 669).C. — Pron. rel. prép. [Avec antécédent de l'animé] Elle devait aller chercher Gisèle avec qui elle tenait beaucoup à dîner (PROUST, Fugit., 1922, p. 597). Avec celui pour qui ce travail est fait (VALÉRY, Variété [I], 1924, p. 254).— [P. arch., l'antécédent peut désigner un inanimé] Ces murailles de verdure presque noire sur qui vous n'avez aucune prise (CLAUDEL, Père humil., 1920, I, 3, p. 502). [Le prince de Polignac] se plaisait surtout à Amsterdam et à Venise, deux villes entre qui son œil de coloriste et son oreille de musicien avaient reconnu la double parenté de la lumière et du silence (PROUST, Chron., 1922, p. 43):• 2. Depuis lors, à chaque seconde, je suis à l'intérieur d'elle, — animé d'un centuple besoin de la protéger, tout tendu vers un unique objet: qu'à aucun prix elle ne souffre! Protéger Z..., ne rien retirer de ce que j'ai donné à Anne, — être le lien où elles se rencontrent, le seul lien en qui elles se puissent rencontrer...DU BOS, Journal, 1924, p. 152.— [Les noms d'animaux peuvent être repris par qui] Je sautai sur mes pieds sales, sans oublier ma vipère, que je pris cette fois par la queue et à qui j'imprimai un joli mouvement de balancier (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 10).— [Dans la lang. pop., remplacé par qui que, qui c'est que, qui que c'est que] La personne à qui que j'ai donné votre lettre (BAUCHE 1928, p. 103).D. — Pron. rel. à valeur distributive1. [En fonction de suj. ou de régime] Et aux moujiks accourus, il distribuait à qui une jambe, à qui un bras (HANRY, Conquête de Jérusalem, p. 159 ds NYROP t. 5 1925, p. 323):• 3. La nuit tombée, il n'était pas rare de voir les sentinelles entrer dans nos baraques et tirer de leur vaste manteau de guérite, qui un poulet, qui un lapin, qui un jambon, en les faisant valoir aux amateurs.AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 317.— [Précisé par une appos.] Pour être lauréats, ils devaient avoir fait, dans un temps donné, qui sculpteur, le modèle en terre glaise d'une statue; qui peintre, l'un des tableaux que vous pouvez voir à l'école des Beaux-Arts; qui musicien, une cantate; qui architecte, un projet de monument (BALZAC, Un Ménage de garçon, p. 75 ds DAM.-PICH. t. 4 1969 [1934], § 1381).— Rare. [Représentant un inanimé] Voici un très grand nombre de livres d'histoire. Et ni l'anatomie, ni la physiologie, ni la cristallographie, ni l'acoustique ne manquent à la collection; qui pour un chapitre, qui pour un paragraphe, il n'est presque de science qui ne paye tribut (VALÉRY, Variété IV, 1938, p. 240).2. Dans la loc. à qui mieux mieux. Le plus possible en rivalisant avec les autres. Crier à qui mieux mieux. Les fils d'un collègue de mon père, dont le plus jeune était mon camarade de classe, apprenaient avec moi; c'était à qui mieux mieux! (GIDE, Si le grain, 1924, p. 401).— [Appliqué à des choses personnifiées] À quel fil voulez-vous que se rattache un pauvre satyre, quand la mer et le bateau dansent à qui mieux mieux (CLAUDEL, Protée, 1914, I, 1, p. 308).Rem. 1.À qui mieux mieux n'exprime pas toujours le rapport entre deux ou plusieurs pers.; il se peut que ,,l'idée de concurrence évoque celle de l'effort`` (SANDF. t. 2 1965, § 56), de sorte que le tour vient à signifier « de toutes ses forces »: L'enfant se débattait et ruait à qui mieux mieux de ses petits pieds rouges (BENOIT, Axelle, 1928, p. 143, ibid.). 2. À l'aide de la prép. à, on peut former d'autres expr., analogues à l'expr. à qui mieux mieux: À ce point qu'entre les ministres c'est la lutte continuelle à qui ne l'aura pas (COURTELINE, Ronds-de-cuir, 1893, 1er tabl., 1, p. 24).II. — Vx. [Sans antécédent, avec valeur de neutre]— [Dans des loc.] Qui plus est, qui pis est, qui mieux est. Une femme menteuse, avec un truc extrêmement simple, peut leurrer, sans se donner la peine de le changer, des quantités de personnes, et qui plus est la même, qui aurait dû le découvrir (PROUST, Fugit., 1922, p. 616).— [Dans qq. tours archaïsants] Nous décidâmes d'aller ensemble taper notre ancien patron. Qui fut dit, fut fait (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 132).III. — [Avec antécédent immédiat, représente un animé ou un inanimé et se trouve uniquement en fonction de suj.]A. — [L'antécédent désigne un animé] Comme un malade dans son lit, qui se retourne pour trouver le sommeil, du matin au soir (GIDE, Journal, 1892, p. 28). Elle aperçut, sur le quai, cette petite ouvrière qui sanglotait (MARTIN DU G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 661).— [Le subst. antécédent de qui doit toujours être déterminé, sauf lorsqu'il est précédé d'une prép. et qu'il est pris dans le sens le plus gén.] En homme qui ne sait point si l'on sera content ou non d'être vu avec lui et qui vous laisse la faculté de venir le trouver si vous en avez l'envie (PROUST, Sodome, 1922, p. 1037). En garçon qui aime à reconnaître la vérité (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 418).— [Lorsque l'antécédent est un pron. pers., celui-ci peut être except. omis s'il est déjà empl. comme pron. prédicatif dans la princ.] Comment brillerai-je qui suis aveugle? (CLAUDEL, Soulier, 1944, 2e part., 4, p. 1058).Rem. 1. Dans les tours faire celui qui, jouer celui qui, le verbe de la sub. peut être au sing. même si le suj. de la princ. est au plur.: Ils faisaient celui qui ne comprend pas (MILLE, Barnavaux, 1908, pp. 155-156). 2. Celui qui peut être repris par le pron. pers. il: Celui qui gueulera le plus fort, il aura la médaille et la dragée du bon Jésus! (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 14).B. — [L'antécédent désigne un inanimé] Rue Neuve-Saint-Augustin, un embarras de voitures arrêta le fiacre chargé de trois malles, qui amenait Octave de la gare de Lyon (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 3). Et les variétés s'établissent, l'élection de la mère par exemple va souvent avec la ressemblance physique du père, ou c'est le contraire qui a lieu (ZOLA, Dr Pascal, 1893, p. 106).— [Après voici, voilà ou des pron. neutres (ce, quelque chose, ...) qui est un neutre] Voilà qui sort d'un armorial danois (MILOSZ, Amour. init., 1910, p. 12). Je ne sais ce qui m'a pris, dit-elle; j'ai froid (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p. 95). Avez-vous l'impertinence de penser qu'il y avait en moi quelque chose qui fût fait spécialement pour vous? (CLAUDEL, Soulier, 2e part., 1944, 6, p. 1068).C. — Rare. [L'antécédent du rel. peut être un adv.] Demain, demain qui n'était jusqu'alors que la pâle image d'hier encore au-dessous de l'horizon, le demain attendu d'un cœur tranquille, retrouvé chaque matin sans surprise, n'est plus (BERNANOS, M. Ouine, 1943, p. 1360).Rem. 1. Accord du verbe dépendant de qui. a) Un verbe ayant le pron. qui pour suj. s'accorde en personne et en nombre avec l'antécédent de celui-ci: Il n'y a que moi, moi qui hais, moi qui aime (SARTRE, Nausée, 1938, p. 189). b) Lorsque qui a pour antécédent un attribut se rapportant à un pron. pers. de la 1re ou de la 2e pers., l'accord se fait avec le suj.; mais il peut se faire aussi avec l'attribut, partic. quand celui-ci est déterminé par un art. déf.: Vous êtes les artisans qui ont construit cette maison (Gramm. Lar. 1964, p. 384), un adj. dém.: Vous êtes ce Monsieur qui m'a porté secours (ibid.) ou lorsque la princ. est nég. ou interr.: Êtes-vous un journaliste qui soit débrouillard? (ibid.). c) Après c'est moi, toi ... qui ou il n'y a que moi, toi ... qui, l'accord peut se faire à la 3e pers. dans la lang. pop.: La bonne: C'est moi qui l'a dit à Madame (Tr. BERNARD, M. Codomat, 1907, I, 2, p. 140). C'est moi qui fait tout! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 490). d) Après un(e) des, un(e) de, l'accord se fait gén. au plur.: Dans un des bâtiments qui flanquaient la forteresse (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 26). 2. Place de l'antécédent. a) En règle gén., qui est précédé immédiatement de son antécédent: Des locataires, qui étaient tous des amis (PROUST, Sodome, 1922, p. 1057). b) Qui peut être séparé de son antécédent lorsque celui-ci est un pron. compl. d'un verbe de perception ou d'un présentatif: Je le vois qui traverse le jardin (CÉLINE, op. cit., p. 465). La voici qui danse pour nous (MAURIAC, Journal 2, 1937, p. 198). c) Lorsqu'il est séparé de son antécédent par les conj. de coord. et/ou: Cette longue bataille qu'Antoine, en lui-même, continuait à appeler « les attaques de Provins », et qui était pour tous la bataille de la Marne (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p. 832). d) Parfois, l'antécédent peut être placé après la prop. rel.: Elle me montra, qui jouait, dans son jardin, un de ces ânes charmants de Provence, aux longs yeux résignés (BARRÈS, Jard. Bérén., 1891, p. 49). e) En règle gén., qui peut être séparé de son antécédent par un compl., une prop., etc., lorsque l'intelligence du texte n'en souffre pas: Son visage creusé, sa silhouette émaciée, ses prunelles souffrantes étaient là qui me bouleversaient (BOURGET, Disciple, 1889, p. 188). Les fascistes ne voyaient son corps que jusqu'au ventre, et tiraient à qui mieux mieux sur ce buste incroyable en veston d'alpaga, en cravate rouge, qui lançait une charge de dynamite avec un geste de discobole, du coton dans les oreilles (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 540). 3. [Avec un verbe impers., il y a parfois une hésitation entre qu'il et qui] Le peu d'argent qui lui restait après l'acquisition de la barque avait été employé à acheter un petit télescope de rencontre (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 25). Maintenant qu'il n'avait plus de doute sur ce qu'il lui restait à faire, il semblait fatigué, mais très calme (ROLLAND, J.-Chr., Antoinette, 1908, p. 851).Prononc. et Orth.:[ki]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Pron. rel. A. En fonction de suj. 1. empl. avec antécédent 842 masc. sing. (Serments de Strasbourg ds HENRY Chrestomathie, 1, 7: Et ab Ludher num plaid nunqua'm prindrai qui, meon vol, cist meon fradre Karle in damno sit); ca 881 id. (Ste Eulalie, ibid., 2, 6; 12); fin Xe s. fém. sing. (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 268); ca 1050 masc. plur. (St Alexis, éd. Chr. Storey, 263); spéc. apr. un indéf., un dém. 2e moit. Xe s. ici, la régissante est nég., le verbe de la rel. est au subj. (St Léger, éd. J. Linskill, 32: Ne fud nuls om ... Qui mieldre fust); 2. empl. sans antécédent a) désigne une pers. partic., déterm. 2e moit. Xe s. (St Léger, 26: Et cum il l'aut doit de ciel'art [Deu servir] Rende'l qui lui lo comandat); b) désigne une pers. indéterm., avec valeur gén., la rel. pouvant prendre un tour sentencieux ) 2e moit. Xe s. (St Léger, 38: Qui fai lo bien, laudaz en er); ) fin Xe s. la rel. est en rapport avec le pron. de la régissante; celui-ci constitue un pron. de rappel plutôt qu'un antécédent [G. MOIGNET, Gramm. a. fr., 1973, p. 156 in fine] (Passion, 455: Qui lui credran, cil erent salv); ca 1100 (Roland, 1181; 1970); c) qui 1er élém. de rel. comp. introd. une rel. indéterm. à valeur concess., et dont le 2e élém. est ) qui ca 1050 chi ... chi (St Alexis, 503: Chi chi se doilet, a nostr'os est il goie); ca 1130 (Li Ver del Juice, 224; 226 ds T.-L. t. 8, 90, 21); ) que (Roland, 1546: Ambure ocit, ki quel blasme ne quil lot; 1592; 3360); v. R. MARTIN ds Trav. Ling. Litt. Strasbourg, V 1 1967, pp. 116-118; cf. que3 I A 1 c ; d) introd. une rel. au cond. ou au subj. imp. (en rel. avec une régissante aux mêmes modes) ayant valeur de prop. hyp. introd. par se: « si l'on » ca 1100 (Roland, 596: Chi purreit faire que Rollant i fust mort, Dunc perdreit Carles le destre braz del cors); ca 1135 la rel. est rappelée par un pron. dans la régissante (Couronnement de Louis, éd. Y. G. Lepage, réd. AB 94: Qui en feroit roi, ce seroit pechiez); e) la rel. hyp., empl. sans régissante, constitue une phrase complète et équivaut à une exclam. (G. MOIGNET, op. cit., p. 157: Ph. MÉNARD, Synt. de l'a. fr., § 76, rem. 1) ca 1100 (Roland, 1341; 1680: Ki puis veïst Rollant e Oliver De lur espees e ferir e capler!); f) qui ... qui répété avec valeur d'indéf. marquant une idée distributive ca 1135 (Couronnement de Louis, 1488 [réd. AB] Chascuns a point qui cheval, qui destrier); 1155 (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 8038). B. En fonction de régime [cui, cas régime tonique, devenu qui] 1. régime dir. a) empl. avec antécédent 842 (Serments de Strasbourg, 21: Si Lodhuuigs sagrament que son fradre Karlo iurat conservat, et Karlus ... non lo's tanit, si io returnar non l'int pois, ne io ne neuls cui eo returnar int pois); fin Xe s. (Passion, 114: Celui prendet cui bassaerei); ca 1050 (St Alexis, 7); b) empl. sans antécédent (PHILIPPE DE THAON, Bestiaire, 1063 ds T.-L. t. 3, 1126, 19); 2. régime prép. a) 2e moit. Xe s. por cui (St Léger, 208; 240); fin Xe s. a cui (Passion, 170); id. de cui (ibid., 330); b) 1176-81 empl. sans antécédent (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier Lion, éd. M. Roques, 3605: Qu'estre porrïez delivree Par qui que soit de cest peril); 1269-78 a cui que soit (JEAN DE MEUN, Rose, éd. F. Lecoy, 5146). II. Pron. interr. A. Interr. dir. 1. a) En fonction de suj. ) fin Xe s. renvoyant à une pers. (Passion, 188); ca 1100 (Roland, 534; 748); ) avec valeur de pron. neutre ca 1200 (Auberee, 483 ds T.-L. t. 8, 89, 2: Dame Auberee ... qui vous maine a ceste eure?); b) en fonction d'attribut du suj. ca 1130 (Cantique des cantiques, 9, ibid., 87, 17: chi est illi?); ca 1170 (CHRÉTIEN DE TROYES, Erec, éd. M. Roques, 840: Qui es tu Qui...?); 1176-81 (ID., Chevalier Lion, 3565); 2. en fonction de régime [cui] a) régime dir. ca 1100 (Roland, 244: qui i enveieruns, En Sarraguce?; 252); b) régime prép. ca 1276 (ADAM DE LA HALLE, Feuillée, éd. E. Langlois2, 603: A cui iés tu, di, barbustin?). B. Interr. indir. 1. en fonction de régime [cui] a) ca 1050 régime dir. (ST ALEXIS, 177: ,,ne sai cui antercier``); b) régime prép. 1re moit. XIIe s. a qui (Psautier d'Oxford, éd. Fr. Michel, XXXVIII, 10); 1176-81 de cui (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier Lion, 2401); 2. a) en fonction de suj. ) ca 1100 renvoyant à une pers. (Roland, 742); ) 1176 avec valeur de pron. neutre (CHRÉTIEN DE TROYES, Cligès, éd. A. Micha, 1556: ... Qu'el li die qui la fet rire); b) en fonction d'attribut du suj. ca 1190 (Floovant, éd. F. H. Bateson, 985: Ne sai qui est li sires); fin XIIe s. (BÉROUL, Tristan, éd. E. Muret, 4013). III. Empl. comme subst. 1606 [éd. 1608] (M. RÉGNIER, Satires, éd. G. Raibaud, IX, 57). Qui, cas suj. est issu du lat. qui, dans la lang. class. pron. rel. masc., nomin. sing. et plur. Dans la lang. vulg., apr. la réduction de la déclinaison à deux cas suj. et régime, et l'ext. des formes du masc. au fém. et au neutre, le nombre n'étant d'autre part plus distingué, qui devient rel. du cas suj. aux trois genres, sans distinction de nombre. De plus, le datif sing. class. cui, valable pour les trois genres, devient dans la lang. vulg. cas régime sing. et plur., d'où l'a. fr. cui, cas régime tonique, assez vite réduit à la forme qui. Enfin, le lat. vulg. ayant opéré la fusion entre le pron. interr. class. quis, quae, quid et le rel. qui, celui-ci assura les divers empl. énumérés comme rel.-interr. L'ext. de qui est tôt perceptible: 1. qui pour quae, nomin. fém. sing. (IIe s. [?] épitaphe d'Ostie ds VÄÄN., § 285; fin IIIe-IVe s. d'apr. V. VÄÄNÄNEN ds Congrès internat. Ling. Philol. rom., Québec, 1976, t. 1, p. 269; v. aussi LÖFSTEDT, p. 132); pour quod, nomin. neutre sing. (IVe s. Mulomedicina Chironis; fin Ve s. Tablettes Albertini d'apr. V. VÄÄNÄNEN, ibid.; v. aussi LÖFSTEDT, p. 131); pour quae, nomin. neutre plur. (Mulomedicina Chironis d'apr. V. VÄÄNÄNEN, ibid.; fin IVe s. Peregr. Aeth., 2, 6 ds LÖFSTEDT, p. 131); 2. cui pour quem acc. masc. sing. (VIIIe s. Form. Senon. ds VÄÄN., § 286); cui apr. prép. (episcopum de cui parrochia fuit, ca 720 Leg. Alam., 12, ibid.). Le tour a. fr. qui « si on » [« si quis »; I A 2 d] est relevé pour qui dès PLAUTE, Asin., 323: ista virtus est ... qui malum fert fortiter; cf. VIe s. GRÉGOIRE DE TOURS ds VÄÄN., § 371: Ego non parvam censeo gratiam, qui hoc meruit. Fréq. abs. littér.:715 642. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 1 090 295, b) 955 044; XXe s.: a) 1 020 798, b) 987 536. Bbg. BONNARD (H.). Lequel/qui, pron. rel. In:[Mél. Grevisse (M.)]. Gembloux, 1966, pp. 39-46; Le Système des pron. qui, que, quoi en fr. Fr. mod. 1961, t. 29, pp. 168-182, 241-251. — BOURGEACQ (J. A.). Moi, je ou c'est moi qui? Fr. 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Québec, 1976, t. 1, pp. 267-275. — WARNANT (L.). Struct. synt. du fr. Paris, 1982, pp. 205-211.qui [ki] pron. rel. et interrog.ÉTYM. 842, Serments de Strasbourg; du lat. qui, nominatif sing. qui a éliminé les formes du fém. et du neutre en bas latin. → aussi 2. Que; quoi.❖———I Pronom relatif (ou « conjonctif ») des deux nombres, de genre masculin ou féminin, désignant une personne ou une chose, qui fait fonction de sujet ou de complément indirect (prépositionnel), et qui relie un terme (antécédent) à un verbe subordonné.REM. 1. Aujourd'hui seule la langue populaire élide qui devant une voyelle, mais cette élision était courante dans tout usage jusqu'au XVIe s., et facilitait la confusion de qui et de que sujet (→ 2. Que, I., 5.). || « Le v'là qu'a tout bu ! » (Zola, la Terre, p. 353). || « Des jumelles prismatiques qu'a pas d'prix » (Barbusse, le Feu, II). || « (…) pas çui-là qu'est l'concierge d'ici, mais l'aut' qu'a un bistrot à Blagny, su'la ligne d'Obonne » (R. Queneau, le Chiendent, p. 171).>2. (Valeur de qui relatif ou conjonctif). Qui, comme les autres relatifs (que, quoi, lequel, dont), peut avoir une valeur forte de détermination (la personne qui est là) et introduire une proposition indispensable à la clarté du discours. Il peut aussi ne servir qu'à expliciter son antécédent en énonçant un caractère secondaire, une circonstance (ex. : la loi de Mahomet, qui défend de boire du vin [→ Arabe, cit. 1], à comparer avec : la loi qui défend de…). Cette valeur est particulièrement sensible dans des phrases exclamatives, souvent avec un personnel pour antécédent (et moi qui croyais…, et lui qui s'imaginait qu'il réussirait !) ou en relation avec c'est… (|| « c'est le curé qui va rire », Mérimée, Colomba, XVII). → aussi Jusque, cit. 46 et supra.1 Comment trouvez-vous donc Marin, qui veut absolument que j'aille changer ma déposition ? (= « comment trouvez-vous le fait que Marin veuille… »).Beaumarchais, Mémoires… dans l'affaire Goëzman, p. 37.2 Et leur charrette qui est restée sous la grande porte ? (…) Mais ce lambin d'Hivert qui n'arrive pas !Flaubert, Mme Bovary, II, I.A (En fonction de sujet ou d'attribut).1 (Avec l'antécédent exprimé). || Un homme qui paraissait si bon (1. Bon, cit. 54) enfant. || Les gens que nous aimons et qui nous intéressent (cit. 11). || L'Homme qui rit, roman de V. Hugo. || Jean qui pleure et Jean qui rit. — Un âne qui se cabre (cit. 4). — Un flambeau (cit. 12) qui nous éclaire…REM. « On ne peut dire : il a fait cela par avarice, qui est capable de tout; il faut dire : par avarice, passion qui est capable de tout » (Littré).♦ Moi qui suis… || C'est lui qui… || Quelqu'un qui… (→ Forfanterie, cit. 3). || Je le vois, je l'entends qui vient. || Le voici, le voilà qui vient. — Celui qui… ⇒ Celui (cit. 3 et 4). || Ceux des Grecs qui… || « Ceux qui, pieusement sont morts pour la patrie » (Hugo). — Ce qui… ⇒ 2. Ce (cit. 20). || Ce (2. Ce, cit. 27) qui est de… — REM. Pour l'emploi de ce qui et de ce qu'il devant les verbes impersonnels, → 2. Ce (infra cit. 27). → aussi ci-dessous, rem. 3.♦ Qu'est-ce qui… (avec un sujet n. de chose). ⇒ 2. Que (II., 2.). || Qui est-ce qui… (sujet n. de personne). → ci-dessous, II. — Tel qui rit vendredi, dimanche pleurera. || Il en est qui… || Il n'y en (cit. 15) a point qui… — Ils sont deux, plusieurs, beaucoup, quelques-uns qui…♦ Qui (en fonction d'attribut).3 Cela prend toujours un diable de temps en villégiature de savoir qui est qui, et les messieurs surtout (…)Aragon, les Cloches de Bâle, I, I.N. B. Le premier qui est l'interrogatif indirect.♦ REM. 1. Dans la langue contemporaine, qui ne peut plus se rapporter à toute une proposition si elle n'est pas reprise par le pronom ce (ou un n. tel que chose, fait…) : elle avait bu, ce qui ne lui arrivait jamais (chose qui ne lui arrivait jamais). La reprise de la proposition par qui subsiste dans les tours qui plus est; qui mieux est (→ Mieux, supra cit. 30); qui pis (2. Pis, cit. 5) est.4 C'est une faute d'orthographe ! et, qui plus est, vous ne barrez point vos t.France, les Désirs de J. Servien, XIX.♦ 2. La proposition relative introduite par qui peut dépendre d'une complétive d'objet (« Ce que l'on voulait qui fût dit », La Fontaine) ou d'une interrogative (« Qui veux-tu qui jamais respire… », Comtesse de Noailles, in Le Bidois). → 2. Que, infra cit. 2.5 J'en puis bien faire autant, moi qu'on sait qui le sers.La Fontaine, Fables, XII, 11.6 Ne t'attache en toi qu'à ce que tu sens qui n'est nulle part ailleurs qu'en toi-même (…)Gide, les Nourritures terrestres, Envoi.♦ On a expliqué ce tour par l'analogie avec des phrases contenant un verbe de perception (l'homme que je vois qui vient correspondrait à « je le vois qui vient » comme l'homme que je vois venir à « je le vois venir »); puis la construction aurait été étendue à d'autres verbes (Plattner, Sneyder de Vogel). Pour Gougenheim (Grammaire du XVIe siècle), il s'agirait de qu'il ou qu'ils, prononcé et interprété qui (puis étendu au féminin).7 (…) pour notre part nous voyons là un fait de langue tout psychologique (…) L'esprit, par besoin naturel de concentrer et de cimenter la phrase, recourt instinctivement à la combinaison de deux éléments conjonctifs; il ne s'inquiète pas de savoir si le second est tout à fait dans son rôle propre et sous sa forme exacte; la quasi-identité phonétique de qui et de qu'il le rassurerait d'ailleurs (…) sur la justesse un peu légèrement présumée de cette équivalence.G. et R. Le Bidois, Syntaxe du franç. moderne, §578.♦ 3. Qui en concurrence avec qu'il devant des verbes employés impersonnellement (→ 2. Que). Ce qui reste d'argent : ce qu'il reste (→ Rester). — Pop.Il faut ce qui faut (confusion phonétique entre qu'il et qui; emploi vulgaire, le verbe falloir étant toujours impersonnel). Prends ce qui te plaît (et ce qu'il te plaît). → Plaire (cit. 27; et supra cit. 26, rem.). Ce qui advient, ce qui arrive. Je ne sais ce qui lui prit (cit. 43). → Prendre (cit. 40 et 41; et supra cit. 39). Ce qui se passe (cit. 135, 136 et 138), et ce qu'il se passe (supra cit. 141). → aussi Convenir (cit. 18); importer (2. Importer, cit. 5).8 (…) quoi qui arrivât dans sa vie.Montherlant, les Célibataires, I, V.9 N'était-il pas payé pour savoir ce qui leur en coûtait ?F. Mauriac, Destins, XI.♦ 4. Qui, séparé de son antécédent. Dans l'ancienne langue, qui pouvait être séparé de son antécédent par un ou plusieurs mots, ce qui nuisait souvent à la clarté de la phrase (→ ci-dessous, cit. 10, La Fontaine). || « Cette sérénité de nouveau l'habita qui ressemblait beaucoup au bonheur » (Gide, la Porte étroite, II).10 Puis je fus du jaloux relever le chapeau,Qui dans ce temps cherchait ses gants et son manteau.11 La catastrophe approchait, qui terminerait l'antagonisme séculaire de la petite propriété et de la grande, en les tuant toutes les deux.Zola, la Terre, V, IV.12 Mais la foi, principe de grandeur, ayant cessé de l'inspirer, qui bâtissait les cathédrales après avoir bâti les pyramides et les parthénons…♦ Qui s'emploie encore de nos jours, séparé de son antécédent, dans certains cas :a Quand qui a pour antécédent un pronom personnel le, la, les, ou en…, objet d'un verbe de perception. J'en connais, j'en vois, je les vois qui… le voici qui…b Quand qui marque une relation faible (de caractérisation, de circonstance; → ci-dessus, I., rem. 2), et, spécialt, quand l'antécédent de qui est le sujet du verbe être et que la relative exprime une « coïncidence dans le temps » (Brunot, la Pensée et la Langue, p. 700), une « action en voie d'accomplissement » (Le Bidois, Syntaxe du franç. moderne, §518).13 Une servante entra, qui vint chercher l'enfant…A. de Musset, la Confession d'un enfant du siècle, IV, I.14 — Elle est à la cuisine qui fond des balles…Mérimée, Colomba, XI.15 Quelqu'un passait dans le corridor qui s'éloigna.Paul Bourget, le Sens de la mort, p. 120.c Même avec sa pleine valeur, qui peut être séparé de son antécédent lorsque ce dernier est un pronom. Tel est pris qui croyait prendre (→ aussi Autrui, cit. 9).16 Maître Hauchecorne, économe en vrai Normand, pensa que tout était bon à ramasser qui peut servir…Maupassant, Miss Harriet, « La ficelle ».d Il en est de même quand l'antécédent de qui est suivi de mots qui le caractérisent. « Grimm, homme faux par caractère, qui ne m'aima jamais » (→ Calomniateur, cit. 4). Cf. aussi le cas où le même mot sert d'antécédent à plusieurs relatifs :17 Il y eut donc une noce, où vinrent quarante-trois personnes, où l'on resta seize heures à table, qui recommença le lendemain et quelque peu les jours suivants.Flaubert, Mme Bovary, I, IIIN. B. On emploie le plus souvent dans ce cas le tour et qui♦ 5. Qui, séparé de son antécédent par une conjonction (et, ou…). || « Depuis plus de sept mille ans qu'il y a des hommes, et qui pensent » (La Bruyère, Caractères, I, 1). Quelque chose de nouveau, et qui… (→ Libertinage, cit. 6).♦ Dans la langue classique, et qui… servait fréquemment à représenter un antécédent plus ou moins éloigné et caractérisé par un adjectif, un participe passé, etc.18 Ce héros dans mes bras est tombé tout sanglant,Faible, et qui s'irritait contre un trépas si lent.Racine, Mithridate, V, 4.♦ 6. La relative introduite par qui peut parfois être placée avant l'antécédent, dans un usage recherché et littéraire.19 (…) je me détourne, pas assez pour ne pas voir, qui pendent, ces jambes blanches et sanglantes de petit esclave crucifié.Montherlant, les Olympiques, p. 161.♦ 7. (Accord du verbe dépendant de qui). Il s'accorde en principe avec l'antécédent. Les deux personnes qui sont venues. Eux, qui pensaient… Un des… qui…a Lorsque l'antécédent est un pronom personnel de la première ou de la deuxième personne, le verbe s'accorde avec ce pronom. || « Vous, qui pleurez… Vous qui souffrez… Vous qui tremblez… » (Hugo). C'est toi qui le dis, c'est vous qui le dites. || « C'est elle, et non pas moi, qui l'en a su chasser » (Racine, la Thébaïde, I, 3). C'est nous qui sommes les plus forts (cf. la faute du lang. pop. « C'est nous qui sont les plus malins »). — (Dans une invocation, une interpellation, le pronom personnel étant sous-entendu). « Notre Père, (vous) qui êtes aux cieux ».b Lorsqu'un attribut suit qui, il arrive que l'accord se fasse avec l'attribut (|| « Nous sommes ainsi quelques fossiles qui subsistent égarés dans un monde nouveau », Flaubert, Lettre à G. Sand, 187), et cet accord est régulier lorsque l'attribut est le démonstratif (|| « Je suis… Celui qui va », Hugo).20 C'est toi qui me flattant d'une vengeance aisée,M'as vingt fois en un jour à moi-même opposée.Racine, Athalie, V, 6.21 (…) tu es fâché contre moi qui ai fait des lettres de change; mais moi, je ne le suis pas contre toi qui les as payées.Émile Augier, les Effrontés, I, 2.22 (…) on nous volera. Ce n'est ni toi ni moi qui l'empêcherons.Henry Becque, les Corbeaux, III, 3.23 Nous sommes des arbres qui portent des fruits empoisonnés.France, le Puits de sainte Claire, VII.24 Moi qui ce matin eusse défailli de joie à l'idée d'un trafiquant, d'un négociant, je trouvais naturel que (…)Giraudoux, Suzanne et le Pacifique, X.25 Pour déterminer le véritable antécédent de qui, et par conséquent pour régler l'accord de son verbe, tout dépend (…) de l'attention que donne la pensée, soit au personnel conjoint du verbe principal et à la personne de ce verbe, soit à l'attribut lui-même… Si l'on compare ces deux phrases : « Je suis Diomède (…) qui blessai Vénus » (Fén., Tél. XXI), et : « Je ne suis pas un historien qui doive vous développer les secrets des cabinets » (Boss., Orais. fun., Henriette de France), on voit que dans l'une l'attention du sujet parlant est toute concentrée sur lui-même (…) tandis que, dans l'autre (…) l'orateur est surtout attentif à se distinguer de l'historien (…)G. et R. Le Bidois, Syntaxe du franç. moderne, §526.♦ Avec la locution adverbiale ne… que (au sens de « seulement »), l'accord se fait de nos jours avec le personnel (il n'y a, je ne vois que vous qui puissiez…), mais, dans la langue classique, le verbe se mettait à la 3e pers. et s'accordait avec l'indéfini sous-entendu : il n'y a (personne d'autre) que vous qui puisse…26 Et ne verrons que nous qui sache bien écrire.Molière, les Femmes savantes, III, 2.27 Il ne voit dans son sort que moi qui s'intéresse.Racine, Britannicus, II, 3.28 Il n'y a que moi qui sois au courant.Estaunié, Les choses voient, Prologue, p. 19.N. B. La première édition porte : il n'y a que moi qui soit au courant.2 (Employé sans antécédent exprimé, dans des propositions « substantives », selon Ayer, « relatives indépendantes », selon Sandfeld, et avec une valeur d'indéfini). — REM. Dans ces emplois, le verbe qui dépend de qui est toujours au singulier.♦ Quiconque; celui, celle qui… || Qui dort dîne. || Qui vivra verra. || Qui veut la fin veut les moyens. || Qui veut voyager loin ménage sa monture (→ Feu, cit. 15). || Qui peut le plus (cit. 72) peut le moins. || Rira bien qui rira le dernier.29 Il est sans doute pénétré de cette vérité que « qui va lentement va sûrement »; que « les petits ruisseaux font les grandes rivières », et enfin que « qui trop embrasse mal étreint… »Balzac, Dict. des enseignes, Gagne-denier, in Œ. diverses, t. I, p. 192.30 — Qui saura verra, qui saura verra… — Qui verra saura…A. de Musset, Barberine, II, 1.31 Qui sauve le loup tue les brebis.Hugo, Quatre-vingt-treize, III, II, VI.32 Il méprise qui le craint, il insulte qui l'aime, il craint qui le méprise, il aime qui l'insulte.G. Sand, Journal intime, 22 juin 1837.33 Ils pensaient que le monde est mal fait. Qui aime n'est pas aimé. Qui est aimé n'aime point. Qui aime et est aimé est un jour, tôt ou tard, séparé de son amour (…)R. Rolland, Jean-Christophe, L'adolescent, II, p. 314.REM. Dans certaines phrases où le verbe de la principale est au subjonctif et où qui est suivi du futur, les propositions sont interverties (→ aussi le tour ne pas… qui veut).34 Je ne contrains personne à mon vers poétique :Le lise qui voudra, l'achète qui voudra;Ronsard, Discours des misères de ce temps, À Loys des Masures.35 Promène qui voudra son cœur ensanglantéSur ton pavé cynique, ô plèbe carnassière !Leconte de Lisle, Poèmes barbares, « Les montreurs ».♦ (Après un adjectif). || Heureux qui, comme Ulysse (→ Âge, cit. 2).♦ (En fonction d'attribut) :36 Assez longtemps j'ai cherché de vous dire comment je devins qui je suis.Gide, l'Immoraliste, p. 238.♦ (Après une préposition). || Nous sommes attirés par qui nous flatte (cit. 40). || Pour qui voulait (→ Filer, cit. 1). || Donner à qui vous aime… (→ Moqueur, cit. 4).37 Mais j'ai tort d'en parler à qui ne peut m'entendre.Corneille, Polyeucte, V, 3.38 (…) le séjour des petites villes est insupportable pour qui a vécu dans cette grande république qu'on appelle Paris.Stendhal, le Rouge et le Noir, I, I.39 (…) je ne m'étonnai ni de cette attention (…) ni de l'audace de qui gardait ainsi la parole plus longtemps qu'on n'avait coutume de le faire (…)Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « le Dessous de cartes… ».REM. On notera que, dans ce genre de tours, qui n'est pas toujours sujet du verbe de la relative. Ainsi, dans la phrase : || « Heureux qui j'aimerai, mais plus heureux qui m'aime » (Leconte de Lisle), le second qui est le sujet de m'aime, mais le premier est l'objet direct de j'aimerai (= « heureux celui que j'aimerai »). De même, dans cette phrase de Hugo : « (Cet argent) vient de qui vous savez, pour ce que vous savez » (Ruy Blas, IV, 3), qui équivaut à « celui que (vous savez) ».♦ Comme qui…, suivi de l'ind. (→ ci-dessous, cit. 40, Proust) ou du conditionnel (→ ci-dessous, cit. 41, Gide). — ☑ Comme qui dirait : pour ainsi dire, en quelque sorte.40 Bloch nous quitta, éreinté comme qui a voulu monter un cheval tout le temps prêt à prendre le mors aux dents (…)Proust, le Côté de Guermantes, Pl., t. II, p. 382.41 Il était en redingote, tuyau de poêle et gants noirs; comme qui reviendrait de baptême ou d'enterrement.Gide, les Faux-monnayeurs, III, II.42 Tu sais (…) dans quelles conditions je suis venu ici : invité comme qui dirait à titre amical.J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. VIII, XXI, p. 221.♦ ☑ À qui…, exprime la rivalité (surtout avec c'est… ou c'était…). || C'est à qui parlera le plus fort. ⇒ 1. Être (IV., 2.).REM. 1. On notera dans ce tour : que le verbe est souvent au futur ou au conditionnel; que la présence d'un superlatif y est quasi nécessaire.2. Certains auteurs (Sandfeld) classent ce tour parmi les phrases d'interrogation indirecte.43 (…) chacun s'ennuyait (…) c'était pourtant à qui ne partirait pasFlaubert, Mme Bovary, III, IX.44 (…) c'est à qui dormira le plus près du saint.E. Fromentin, Un été dans le Sahara, p. 99.45 Donc, tous les deux (…) venaient de parier dix litres, à qui éteindrait le plus de chandelles.Zola, la Terre, IV, III.46 C'était à qui des deux, maintenant, serait le plus tendre.R. Rolland, Jean-Christophe, L'aube, II, p. 39.♦ ☑ Loc. À qui mieux mieux (cit. 12, 13; et rem. infra).♦ (Introduisant une proposition hypothétique au conditionnel, avec la valeur de « si l'on… », « si quelqu'un »).47 Pour exprimer une hypothèse généralisée à sujet indéfini, la vieille langue utilisait volontiers les conjonctifs : qui l'eût vu, eût pensé… Ce tour a vécu jusqu'au XVIIIe s.; il a été repris au XIXe : Qui eût pu voir en ce moment la figure du malheureux collé aux barreaux vermoulus, eût cru voir une face de tigre (Hugo, N.-D., II, 72); — Bonne Thérèse, qui ne vous bénirait serait un ingrat (Sand, Elle et lui, II); — Ah ! qui pourrait ouvrir mon cœur, n'y trouverait Qu'un tendre attachement à s'épancher tout prêt (Auger, Aventurière, III, 5).F. Brunot, la Pensée et la Langue, p. 883.48 Car qui ne mourrait pour conserver son honneur, celui-là serait infâme.Pascal, Pensées, II, 147.49 Et qui m'aurait demandé au fond ce qui me faisait agir ainsi, je n'aurais su que lui répondre.A. de Musset, la Confession d'un enfant du siècle, V, V.50 Qui perd une femme et quinze sous, c'est grand dommage de l'argent (…)Alphonse Daudet, Tartarin sur les Alpes, IX.51 Bah ! qui prévoirait tous les risques, le jeu perdrait tout intérêt !Gide, les Caves du Vatican, V, II.REM. Qui employé au sens de si l'on… n'étant plus guère compris de nos jours, la locution proverbiale tout vient à point qui sait attendre a-t-elle été modifiée en : à (ou pour) qui sait attendre.♦ ☑ Qui de droit (infra cit. 56).♦ Qui associé avec que, et marquant une concession indéterminée. ⇒ aussi Quel, quoi. — REM. Selon certains grammairiens, qui serait ici un interrogatif (cf. Damourette et Pichon, §1351), et que serait soit le subordonnant (conjonction 1. que), soit le relatif que.52 Non, non, avant ce coup Sabine aura vécu :Ma mort le préviendra, de qui que je l'obtienne (…)Corneille, Horace, II, 6.♦ Homme, ou qui que tu sois… (→ Ciel, cit. 61). — Vx. || Qui qu'il soit. — REM. L'expression a été remplacée par quel qu'il soit. || « Qui qu'il soit, même prix est acquis à sa peine » (Corneille, le Cid, IV, 5).♦ Qui que ce soit, employé seul (|| « Qui que ce soit, parlez, et ne le craignez pas », Racine, Iphigénie) ou introduisant une subordonnée (Qui que ce soit qui…, que…). — Absolt. || Qui que ce soit, employé en fonction de nominal indéfini, au sens de « quiconque, n'importe (2. Importer) qui » (ou, en phrase négative, « personne » : Je ne le dirai à qui que ce soit).53 Qui que tu sois, voici ton maître;Il l'est, le fut, ou le doit être.Voltaire, Poésies mêlées, XXIII.54 (…) je suis prêt à montrer mon livre de dépenses à M. de Rênal et à qui que ce soit (…)Stendhal, le Rouge et le Noir, I, VII.55 (…) il n'y avait plus en lui ni regret, ni amertume pour quoi que ce fût, contre qui que ce fût.R. Rolland, Jean-Christophe, Les amies, p. 1248.♦ (Répété avec une valeur de distributif). L'un… l'autre; celui-ci… celui-là (ou les uns… les autres). || Qui plus, qui moins. || Qui… et qui… (→ ci-dessous, cit. 59, Daudet).56 Qui…, qui. Cette expression était suspecte à Vaugelas (I, 121; H. L., III, 298); mais, soutenue par l'Académie, elle finit par demeurer : (ils n'ont pas manqué de dire que cela procédait qui du cerveau, qui des entrailles, qui de la rate, qui du foie) (Mol., Méd. m. l., II, 5); — qui sortant des maisons, qui des petites rues adjacentes, qui des soupiraux des caves (V. H., N.-D., I, 104). — Ce qui est généralement sujet.F. Brunot, la Pensée et la Langue, p. 130.57 Reine de cette cour pleine de solliciteurs empressés autour d'elle, qui pour son livre, qui pour sa pièce, qui pour sa danseuse, qui pour son théâtre, qui pour son entreprise, qui pour une réclame (…)Balzac, Une fille d'Ève, Pl., t. II, p. 133.58 (…) tous les démons (…) laissent tomber, qui son bec, qui son museau, qui son groin et prennent une physionomie humaine (…)Th. Gautier, Souvenirs de théâtre…, « Le diable boiteux ».59 (…) l'auditoire gémit, en voyant, dans l'enfer tout ouvert, qui son père et qui sa mère, qui sa grand'mère et qui sa sœur (…)Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin, « le Curé de Cucugnan ».59.1 Sept types attendaient à l'entresol, qui Brice Parain, qui Hirsch, qui Seligman.S. de Beauvoir, la Force de l'âge, p. 304.♦ (En valeur neutre). Vx ou rare. — Ce qui… (pour qui interrogatif employé ainsi, → ci-dessous, II., rem.).REM. Cette valeur neutre de qui, employé comme sujet sans antécédent, subsiste dans quelques tours figés : qui plus (cit. 68), qui mieux, qui pis est, employés seuls. Ces tours peuvent servir à reprendre une proposition, en cours de phrase (→ ci-dessus, I., A., 1., rem. 1), et après voici et voilà. Voilà qui est bien.B (En fonction de complément indirect). Qui, employé régulièrement si l'antécédent est un nom de personne (ou de chose personnifiée, ou encore d'animal).1 (Avec un antécédent exprimé). || Un homme à qui personne ne plaît (cit. 1). || Un capitaine à qui tous les armateurs voudraient confier… (→ Cabotage, cit. 2). || Un chien à qui on a mis une muselière. — Mon fils (cit. 11) bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection. — Pour qui… — Sur qui… (→ 1. Lever, cit. 5). — Ceux vers qui je me sens entraîné (→ Gêner, cit. 20). — REM. C'est lui à qui vous aurez affaire s'emploie en concurrence avec c'est à lui que vous aurez affaire.♦ De qui, en concurrence avec dont.REM. La langue classique employait qui en parlant des choses (→ Lequel). « La centaurée, en qui le ciel… » (→ Âpreté, cit. 5). « … l'unique secours À qui… » (Corneille, Rodogune, III, 2). Soutiendrez-vous un faix sous qui Rome succombe (Corneille, Pompée, I, 1). Le « plus juste courroux De qui le souvenir puisse aller jusqu'à vous » (Corneille, Cinna, V, 3). Cet usage de qui renvoyant à un nom de chose est encore possible aujourd'hui quand la chose est personnifiée ou représente une personne (« Dans les cruelles mains par qui je fus ravie », Racine, Iphigénie, II, 1) ou, quand le nom de chose est l'attribut d'un nom de personne (« Le pape est une idole à qui on lie (cit. 28) les mains… », Voltaire). Dans les autres cas, c'est un archaïsme ou une bizarrerie de style.60 (…) la dorure du baromètre, sur qui frappait un rayon de soleil (…)Flaubert, Mme Bovary, II, IX.61 Cet étendard glorieux, par le secours de qui René II déconfit les Bourguignons (…)M. Barrès, la Colline inspirée, I, III.62 (…) sa figure sur qui tombe la pluie est tuméfiée (…)H. Barbusse, le Feu, II, XX.63 Dans la vallée à qui ces hauteurs cachaient le reste du monde… (=les habitants de la vallée, à qui…).Proust, À la recherche du temps perdu, t. IV, p. 70.2 (Sans antécédent). || Souviens-toi de qui tu es fils (→ Forligner, cit. 2). || Je ne me souviens pas avec qui (→ Innocence, cit. 2).64 On hait devant qui l'on ment.Hugo, les Travailleurs de la mer, I, VI, VI.65 À qui vit aux champs et se sert de ses yeux, tout devient miraculeux et simple.Colette, la Maison de Claudine, p. 66.65.1 Paresseux, incapable, inutile à qui et à quoi, sa disparition était plutôt un bienfait (…)M. Aymé, la Vouivre, p. 174.C (En fonction de complément direct). Qui, employé sans antécédent, et seulement en parlant des personnes (→ Celui que…). || Embrassez qui vous voulez.66 Si vous croyez que je vais direQui j'ose aimer,Je ne saurais, pour un empire,Vous la nommer.A. de Musset, Poésies nouvelles, « Chanson de Fortunio ».67 (…) mais qu'est-ce que cela change si, qui vous recevez tous les jours, c'est Brigitte ?Gide, Paludes, in Romans, Pl., p. 122.♦ (L'ensemble de la relative étant objet indirect du verbe antérieur). → ci-dessus, infra cit. 39.68 Quand l'on nuit sciemment à qui l'on aime !Aragon, Anicet, IX, p. 137.REM. Qui que, en fonction d'objet direct, est assez rare.69 (…) qui qu'elle fréquentât, désormais elle resterait pour tout le monde marquise de Saint-Loup (…)Proust, À la recherche du temps perdu, t. XIII, p. 307.———II Qui, interrogatif (employé de nos jours en parlant de personnes seulement).REM. Qui pouvait avoir dans la langue classique la valeur neutre de qu'est-ce qui ? (→ 2. Que, II., 2.), notamment avec le verbe valoir.70 Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?La Fontaine, Fables, I, 10.71 — C'est vous que je cherchais ! — Qui me vaut ce bonheur ?— Oh Dieu ! rien, ou du moins peu de chose, seigneur.Hugo, Ruy Blas, II, 5.72 Qui donc l'affligeait ? Était-ce, par hasard, qu'on ne l'aimait pas ?Flaubert, l'Éducation sentimentale, II, VI.73 Qui nous vaut cette bonne visite, madame la notairesse ?Alphonse Daudet, la Petite Paroisse, IV, p. 73.1 (En fonction de sujet). || Qui te l'a dit ? || Qui va là ? || Qui vive ? ⇒ Qui-vive. || « Et qui s'honorerait de l'appui (cit. 29) d'Agrippine ? » (Racine). || Qui sait ?74 Si je vous le disais, pourtant, que je vous aime,Qui sait, brune aux yeux bleus, ce que vous en diriez ?A. de Musset, Poésies nouvelles, « À Ninon ».♦ (Employé seul). || Ils… Qui, ils ? (cit. 17). — REM. Qui est souvent renforcé. Qui ça ? (cit. 3). Qui cela ? Qui donc ? Qui diable ? (cit. 33).75 (…) qui donc ose à cette heure,Hors moi, d'un pareil mort éveiller la demeure ?Qui donc ?Hugo, Hernani, IV, 2.76 C'est moi. — Qui, toi ? — Maurice Levasseur, votre neveu.Zola, la Débâcle, I, VII.77 — Il ne bouge plus ! — Qui cela ? qui ? Réponds !Pierre Benoit, les Compagnons d'Ulysse, VIII.♦ (Répété, avec ellipse du verbe) :78 Qui donc décide des armements ? Qui des effectifs ? Qui des alliances ? Qui de l'interprétation des alliances ?Alain, Propos, 27 juil. 1922, Guerre sans visage.2 (En fonction d'attribut, en parlant des personnes). ⇒ Quel (I., A., 1., rem. 1 et 2). || Qui êtes-vous ?79 Éva, qui donc es-tu ? Sais-tu bien ta nature ?A. de Vigny, Poèmes philosophiques, « La maison du berger », III.♦ Qui est-ce ? : quelle personne est-ce ?♦ Qui est-ce qui… ?, tour interrogatif (→ Avance, cit. 33). || « Qui est-ce qui te dit le contraire ? » (Becque, les Corbeaux, I, 1).REM. La langue populaire néglige parfois l'inversion de est-ce… et le tour devient : qui c'est qui… « Qui c'est qui a un briquet ? » (Dorgelès, les Croix de bois, p. 326).♦ Qui est-ce que… ?80 Qui diable est-ce donc qu'on trompe ici ? tout le monde est dans le secret !Beaumarchais, le Barbier de Séville, III, 11.REM. La langue familière dit aussi : qu'est-ce qui (pour : qui est-ce qui). Qu'est-ce qui m'a foutu un maladroit comme toi !81 Qu'est-ce qui m'a donné des découragés pareils !R. Rolland, Jean-Christophe, Nouvelle journée, II, p. 1538.3 (En fonction d'objet). || Qui attendez-vous ? || Qui demandez-vous ? — À qui souriais-tu ? (→ 1. Lieu, cit. 3). || À qui croyez-vous parler ? || De qui parlez-vous ? (→ 1. Le, cit. 37). || Sur qui… ? (→ Appuyer, cit. 37).82 Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ?Racine, Andromaque, V, 5.83 Qui épouse-t-il donc ?Alphonse Daudet, l'Immortel, VIII.84 Mais le nom de ton amant va tout éclairer, va tout nous dire, n'est-ce pas ? Qui aimes-tu ? Qui est-ce ?Giraudoux, Électre, II, 5.♦ (Dans des phrases elliptiques). || Devinez qui ? || Et avec qui ?… (→ Geôlier, cit. 1).85 Et à présent, pourquoi vivre ? pour qui ?…A. de Vigny, Chatterton, II, 7.1. (Genre et nombre des mots régis par qui). Qui peut régir un mot féminin.86 — Quelles idiotes ! — Qui est idiote ? Ma sœur, ma mère, ma nièce ?Giraudoux, Apollon de Bellac, 5.Il peut se rapporter à un pluriel quand il est attribut (avec le verbe être).Qui sont-ils ? || Qui sont-elles ?87 Où en étaient les choses ? Qui étaient nos ennemis, nos alliés ?J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. XXV, XVII, p. 144.2. Qui interrogatif se place avant le verbe (Qui est là ? De qui parlez-vous ?). Cependant la langue familière place parfois qui après le verbe (Tu as vu qui ?). De même qui, reprenant une interrogation avec inversion normale ou demandant un supplément d'information, peut se placer après le verbe (cf. G. et R. Le Bidois, Syntaxe du franç. moderne, §645).88 — Et peut-on savoir … — Qui j'aime ? …Alors, moi, j'aime qui ?Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac, I, 5.89 Il tournait le coin de l'avenue Malakoff, accompagnant qui ? Sa bru elle-même.Paul Bourget, Geôle, VI.♦ (Dans une interrogation double) :90 À l'autre bout de l'Europe, qui se battait contre qui ? Qui tyrannisait qui ou se révoltait contre qui ?J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. XXV, XVII, p. 144.♦ (Sans verbe exprimé) :91 Bonjour. — Bonjour qui ? — Bonjour papa.René Boylesve, l'Enfant à la balustrade, I, II.♦ (Suivi d'un déterminatif). || Qui d'entre vous ? || Qui parmi vous ? || Qui de nous ? (→ Fielleux, cit. 2). ⇒ Lequel.92 Qui, de l'âne ou du maître, est fait pour se lasser ?La Fontaine, Fables, III, 1.93 Qui de nous, qui de nous va devenir un Dieu ?A. de Musset, Poésies nouvelles, « Rolla », I.B (Dans l'interrogation indirecte). — REM. Qui est alors en relation avec deux verbes, celui qui annonce la question ou l'ignorance (demander, dire, ne pas savoir qui…) et celui qu'il introduit. Il joue un rôle de relatif ou de « conjonctif » (Le Bidois), généralement sans antécédent, et il est souvent difficile de le distinguer de qui relatif.♦ (Avec les mêmes emplois que l'interrogatif direct). || Dites-moi qui est venu, qui vous fréquentez (cit. 12). || Je ne sais pas même qui succédera (→ Frétillant, cit. 1). — Je ne me souviens pas avec qui (→ Innocence, cit. 2).94 Il ne savait à qui donner raison.France, l'Anneau d'améthyste, XV, Œ., t. XII, p. 200.♦ Vx. Avec la valeur neutre de ce qui (→ ci-dessus, cit. 70 à 73).95 Je ne sais qui m'arrête et retient mon courroux (…)Racine, Iphigénie, IV, 1.———
Encyclopédie Universelle. 2012.